La Gazzetta pubblica delle Due Sicilie

La Gazzetta pubblica (en forme longue : Gazzetta pubblica delle leggi e dei dibattiti delle Due Sicilie) est l'organe d'information officiel de la Couronne. Les articles qui y paraissent sont réputés conformes au point de vue du Gouvernement sur les sujets qu'il traite.

Il arrive toutefois que les rédacteurs de la Gazette prennent un peu de recul et puissent proposer une analyse des intentions du Gouvernement qui est parfois démentie par les faits.

C'est le principal moyen d'information des Gouvernements et des citoyens étrangers sur ce qui se passe dans les Deux-Siciles.

Brève : Sa Majesté forme un nouveau Gouvernement

Jeudi 23 juillet, Sa Majesté a annoncé la nouvelle composition du Gouvernement. Celui-ci sera dirigé par Son Excellence M. Carlo Avarna di Gualtieri. Il sera assisté de M. Paolo Costagliola aux Affaires étrangères ; M. Nicola Santangelo à l'Intérieur ; M. Nicola Parisio à la Justice et aux cultes ; M. Giuseppe Fanti à la Guerre et à la Marine ; M. Manfredo Minghetti aux Finances ; M. Francesco Conforti est nommé à l'Instruction publique et M. Felice Zurlo à l'Agriculture, à l'Industrie et au Commerce.

Cette composition appelle des commentaires sur la structure que Sa Majesté a choisie : alors que l'Instruction publique relevait jusqu'alors du Ministre des cultes et que l'Agriculture, l'Industrie et le Commerce relevaient du Ministre des finances, on voit là l'intérêt tout spécial que Sa Majesté porte à ces sujets en les dotant d'un Ministère spécifique. En revanche, la Guerre et la Marine sont jointe, on peut penser que Sa Majesté a ainsi voulu favoriser le rapprochement de toutes les forces armées de notre Royaume. Enfin, M. di Gualtieri n'est doté d'aucun portefeuille ministériel, il se consacrera entièrement à sa fonction de Président du Conseil des Ministres. Sa Majesté semble donc vouloir que ce poste représente réellement une position de cheville ouvrière et ne soit pas une simple préséance d'un Ministre sur les autres.

Il est évident que ce Gouvernement n'est pas neutre : Sa Majesté a réuni des hommes qui ont souvent fait part d'une volonté modernisatrice et conservatrice. L'équipe qu'Elle a rassemblée recevra donc probablement la mission de moderniser notre économie, notre industrie, nos sciences et techniques tout en maintenant l'ordre social et institutionnel du Royaume.

La surprise n'est pas mince ce lundi 26 juillet après que Sa Majesté à octroyé une charte à la justice du Royaume.

Si la forme du décret est très classique et sauvegarde la puissance royale, la charte semble matériellement très libérale : Sa Majesté y promet de ne pas intervenir dans les décisions des juridictions et renonce au pouvoir de démettre un magistrat.

Plus surprenant encore Elle dote la justice d'une organisation et de principes généraux qui évoquent immédiatement l'exemple français, reprenant jusqu'à l'appellation de "Cour de cassation".

Cette décision, qui intervient après la nomination d'un gouvernement pouvant sembler conservateur sème un certain trouble parmi les commentateurs, et la volonté de Sa Majesté apparaît difficile à interpréter.

Si nous avions marqué notre étonnement devant la Charte pour la justice, c'était à défaut de lire l'avenir tant il était, en définitive, petit en comparaison de celui qui nous saisit ce jeudi 6 août.

Sa Majesté a décidé de doter le Royaume d'une véritable Constitution qui ne dit pas son nom. En effet, si le terme n'est jamais évoqué, c'est bien de cela qu'il s'agit, puisque Sa Majesté présente dans son décret les dispositions qu'elle annonce comme un "engagement" ; et qu'un article dispose que "le Roi jure lors de son sacre d’observer de bonne foi la présente charte pour autant que la sauvegarde du Royaume ne l’oblige pas à y contrevenir".

La structure, ainsi que le texte de certains articles semblent indiquer que Sa Majesté s'est largement inspirée de la Charte constitutionnelle mise en place par Louis XVIII de France lors de sa restauration en 1814, même si les dispositions précises de la charte conservent au Roi une plus grande influence sur le processus législatif. Cependant, c'est l'apport majeur de cette charte : Sa Majesté a décidé de la constitution de trois Parlements pour le Royaume : un pour Naples, un pour la Sicile et un pour tout le Royaume ; l'accords de ces Parlements semblant nécessaire à l'adoption d'une loi.

Il est toutefois précisé explicitement que le Roi conserve l'intégralité de la puissance législative et que l'accord des Parlements n'en est qu'une modalité d'application, ce qui doit être destiné à calmer la fronde inévitable des conservateurs qui ne manqueront pas de s'indigner des récentes décisions de Sa Majesté sans qu'aucune pression apparente ne La contraigne à concéder des limites à Son pouvoir. Nombreux sont ceux qui attendent avec fébrilité que Sa Majesté s'exprime sur Ses choix et éclaire Ses sujets toujours fidèles de Ses raisons.